Un endroit trop calme

Un endroit trop calme

ICI REPOSE LES ÂMES DES DÉFUNTS ATLANTES

Il y avait une jeune femme aux cheveux longs qui écrivait sur un mur. Elle n'était pas du genre à taguer les murs de la ville dans le seul désirs de gâcher sa belle architecture. Actuellement, elle voulait faire passer un message.
Le quartier chic, dans la journée, était un endroit assez calme, il n'y avait pas l'agitation du quartier étudiant ou du centre ville et très peu de mondes dans les petites ruelles même en pleine journée. Il faisait beau sans faire spécialement chaud. Elle s'était habillée d'une robe toute légère qui lui descendait jusqu'aux chevilles et ondulait avec le vent.

Dans sa main, un pinceau. Dans l'autre un pot de peinture bleu. Devant elle, un mur avec ces inscriptions : Ici repose les âmes des défunts atlantes Le bâtiment qu'elle avait choisi était le derrière d'une boutique de vêtement. Ce choix était purement aléatoire, elle voulait juste faire passer son message.

Elle recula de quelques pas pour observer son oeuvre et sourit fièrement lorsqu'un bruit au début de sa ruelle attira son attention. Bien évidemment dégrader ainsi la voie publique était interdit...

Il était rare qu'elle se promène ainsi du côté des maisons des grandes gens. Pourtant, en sa qualité de déesse, elle y avait sa place : mais c'était la nature qui l'appelait, et le quartier chic ne possédait pas assez d'espaces verts à son goût. Ceci dit, ce n'était pas une raison pour ne pas inviter ses amis à plumes à profiter de la beauté des bâtiments à l'architecture sophistiquée des gens riches. Certains oiseaux sont plus aristocrates que d'autres, et c'était avec un charmant geai bleu sur l'épaule qu'Anaël appréciait sa balade.
Elle entra dans une ruelle marchande, scrutant le sommet des bâtiments. Tel défaut dans la construction servirait de bonne base à un nid de pies, telle corniche serait parfaite comme perchoir à rapaces... Le geai laissa alors échapper un adorable sifflement, tirant la demoiselle de son analyse. Elle baissa le regard à un niveau plus commun, pour apercevoir non loin une jeune femme. Ce qui attira l'attention d'Anaël ? Son pot de peinture joliment bleutée. Et, accessoirement, les mots inscrits sur le mur d'en face.
- ... Des gens sont morts ? demanda-t-elle d'une voix soucieuse.

- Des gens sont mort ?

C'est une charmante demoiselle qui lui posa cette question. Ynael la détailla rapidement tout en lui répondant :

- Oui, il y a des milliers d'années.

Elle se perdit à nouveau dans ses pensées, plongeant son pinceau dans son pot mais s’arrêtant à quelques centimètres du mur avant de baisser son bras.

- Oui, ils sont mort maintenant et ils sont partout. Ils ont été engloutis par les eaux mais ils èrent sur Terre... Il faut que les gens se souviennent.

Elle posa à nouveau son pinceau sur le murs pour rajouter : Ne l'oubliez jamais, elles sont là. Des mots qui auraient pu en effrayer plus d'un. Pourtant Ynael ne voyait pas cela comme une méchante farce. Elle s'exprimait sur un mur tout comme elle écrivait sur du papier.

Elle se retourna pour accorder son attention à la demoiselle aux oiseaux. Elle avait l'air toute fragile et le geai bleu qu'elle avait à l'épaule l'interpela.

- Tu es une fille du ciel toi ?

La jeune femme lui raconta brièvement son histoire. Anaël s'en vit peinée : la mort n'était jamais un sujet joyeux, fut-elle arrivée des milliers d'années auparavant... Elle ne comprenait cependant pas ce qui retenait ces âmes sur terre. Pourquoi ne s'élevaient-elles pas vers les nuages ? Les oiseaux n'étaient pas les seuls à avoir ce droit. Mais, trop compatissante pour poser des questions, elle garda poliment le silence en observant son interlocutrice tracer de nouvelles lettres.
- En effet. J'en suis descendue il n'y a pas si longtemps.
Elle sourit doucement, jugeant qu'une petite vingtaine d'années n'était qu'un battement de cils dans la vie d'une déesse.
- Ces petites choses avaient besoin de moi... expliqua-t-elle en caressant les plumes du geai d'un doigt délicat. Je suis Anaël.
Le geai s'envola pour aller se poser sur le bord du pot de peinture - son bleu devait l'intriguer.
- La peinture ne risque-t-elle pas de disparaître à la prochaine pluie ?
Tout le travail de la demoiselle risquait d'être anéanti... quel gâchis.

Ynael s'intéressa à la demoiselle. Descendre des nuages ? Est-ce seulement possible ? Non pas qu'elle doutait des dires de la jeune femme mais le ciel semblait être quelque chose d'inaccessible, tellement haut, tellement loin...
Son petit oiseau vint s'envoler pour se poser sur le pot de peinture. Il était mignon, Ynael aimait les oiseaux autant que les animaux marins, mais elle se sentait plus proche de ses derniers, ils avaient des origines aquatiques communes.

- La peinture s'efface tout comme les gens oublies. C'est pour ça que je l'écris encore et encore. Pour que les gens y repensent... Elle marqua une pause. Anaël, fille du ciel. C'est curieux.

Des gens normaux lui auraient tendu la main pour la saluer mais elle se contenta de s'incliner légèrement en lui souriant. Même si beaucoup de choses les différenciaient, elle ressentait une agréable sensation auprès de cette fille-oiseau, elle semblait paisible.

- Je suis Ynael, fille de la mer... J'y suis remonté il y a de cela quelques années également.

Elles semblaient pareilles, mais différentes à la fois. Deux opposées qui n'étaient pourtant, au final, pas si éloignées l'une de l'autre. La mer, le ciel. Le même bleu, au final. La même nostalgie d'un monde qu'on avait connu. Mais Anaël avait au moins l'espoir de retourner chez elle un jour, une fois que les conditions de vie des oiseaux sur terre se seraient améliorées. Ynael, par contre, donnait l'impression d'être en deuil de ce monde d'eau qu'elle avait quitté. Les morts dont elle avait parlé... s'agissait-il de sa famille ?
- Comptes-tu y retourner un jour ?
Elle lui parlait d'égale à égale, oubliant que ce qu'elle prenait pour du respect pouvait paraître, aux yeux des autres, pour de l'impolitesse.

Elle se sentait proche avec cette fille si semblable tout en étant si différente.

- Comptes-tu y retourner un jour ?

Ynael la regarda presque étonné et posa le pot par terre pour caresser la tête de l'oiseau bleu.

- Je ne peux pas. Mon monde est sous les eaux, disparu. Et toi ?

De nombreuses questions se bousculèrent dans sa tête. Elle n'hésita pas à les poser. Ynael est une jeune femme directe manquant parfois de tact ou de savoir vivre. Parfois, certain s'indignaient de sa manière de s'adresser aux autres ou pour les questions qu'elle posait. D'autres n'y prêtaient pas attention, mais dans tout les cas elle n'en avait que faire.

- Retourneras-tu en haut ? Comment est-ce seulement possible ?

Elle leva les yeux au ciel.

- Ca a l'air tellement haut... Tu sais voler ?

La question paraissait tellement simple. Elle l'avait posé avec une candeur naturelle sans crainte que l'on se moque d'elle. Elle se posait réellement la question.

Les yeux d'Anaël se fixèrent sur les doigts d'Ynael qui avait abandonné ses écritures pour se mettre à caresser le geai. La déesse n'eut pas de souci à se faire : la fille de l'eau avait des gestes délicats et ne blessait ni n'effrayait l'oiseau. Ce simple fait suffit à la demoiselle pour savoir que sa nouvelle amie était quelqu'un de profondément bon et de bien intentionné. Une bonne personne qui méritait déjà toute sa confiance, car elle avait su s'attirer la confiance d'un geai bleu.
- Oh, je suis désolée de l'apprendre...
Un monde englouti sous les eaux. Un instant, Anaël se demanda si son monde à elle pouvait être emporté par le vent.
- J'y retournerai, oui, fit-elle en gloussant doucement. Mais je ne vole pas ! Par contre, les oiseaux sont mes amis. Et il y avait des tas d'oiseaux, sur terre et au-delà. C'est un aigle qui m'a amenée ici, et je suppose que c'est aussi lui qui me reconduira à la maison...
Un aigle assez grand pour porter une humaine sur son dos, bien sûr. Mais ce n'était pas là le seul moyen pour un ami des oiseaux de voler.
- Tu as l'air d'aimer les histoires... fit-elle pensivement en observant les écrits sur le mur. Une fois, j'ai entendu l'histoire d'un petit garçon qui allait de planète en planète avec un attelage d'oiseaux.
Peut-être Ynael avait-elle envie de voler ? Dans ce cas, elle venait de trouver la personne la mieux placée pour l'aider.

Ynael la regarda étonnée :

- Un aigle ?

Elle réfléchit. Les seuls aigles qu'elle avait vu était en photo dans des livres d'images ou dans des reportages animaliers. Aussi, elle pouvait avoir une idée de la taille qu'ils avaient mais avait du mal à se l'imaginer : comme un animal pouvait-il supporter un homme ? Enfin, dans le cas présent une femme.

- C'est comment les aigles ? C'est grand ?

Demanda-t-elle en écartant les bras pour imaginer la taille qu'il pourrait avoir. Même si elle avait l'impression de ne pas être assez grande pour le mimer.

- Une fois, j'ai entendu l'histoire d'un petit garçon qui allait de planète en planète avec un attelage d'oiseaux

- C'est possible seulement d'aller sur d'autres planètes ?

Déjà que le ciel lui semblait tellement loin et inaccessible mais atteindre les planètes relevait de l'impossible. Seulement l'impossible était parfois possible, après tout les vagues avaient bien monté un jour jusqu'au ciel pour recouvrir la terre.

L'intérêt que portait Ynael à ses histoires contentait beaucoup Anaël. Il était rare qu'on s'intéresse vraiment à elle, discrète comme elle était, mais elle devait avouer qu'avoir une oreille attentive était décidément satisfaisant. Les questions de son interlocutrice ne la dérangeaient nullement, et c'est avec une excitation grandissante qu'elle s'expliqua.
- Oh, je ne parle pas des aigles qu'on voit dans les zoos d'ici ! Les aigles d'où je viens sont immenses et très forts. Un peu comme... Elle se retourna pour trouver quelque chose à donner en comparaison, et choisit le toit d'un bâtiment tout proche. Le beffroi, là ! Les ailes de mon ami, si on les étend, font toute sa longueur !
Pour être grand, c'était grand ! Peut-être exagérait-elle un peu, mais elle mourait secrètement d'envie qu'Ynael soit impressionnée.
- Je ne sais pas pour les planètes, je ne me consacre qu'aux oiseaux d'ici. Mais le petit garçon avait l'air honnête, alors je suppose qu'il disait vrai.
Et s'il avait su dresser un attelage de volatiles, alors devait-il être une bonne personne, lui aussi.
Soudain, des éclats de voix se firent entendre au bout de la ruelle, de là où elle était venue. Anaël tourna la tête en leur direction, avant de regarder les tags d'Ynael.
- ... Je suppose que ce mur ne t'appartient pas ?
Elle aurait été dans ses droits si elle avait peinturluré la façade de sa maison. Mais la déesse, bien que convaincue de l'innocence de sa nouvelle amie, doutait de la légalité de ses activités. Si d'autres personnes rappliquaient et voyaient ça, il faudrait décoller. Et vite.

Ynael suivi des yeux le doigt d'Anaël, elle pointa un batiment au loin. Il était immense. Enfin, si elle l'utilisait pour illustrer la grandeur d'un aigle.

- Vraiment ? Je n'en ai jamais vu de... normaux.

Elle tenta d'imaginer cet animal aux ailes si grandes.

- C'est vraiment possible ? Il doit être magnifique.

Elle se perdis dans ses songes éveillés. Comment un être si grand pouvait-il voler ? Très certainement de la même manière qu'une baleine aussi grande soit-elle n'allait pas couler. Mais le ciel restait et resterait un lointain mystère pour une fille de la mer.

Ynael entendis des bruits de voix au même moment qu'Anaël tourna la tête, elle les avait très certainement entendue elle aussi. Elle semblait d'ailleurs s'inquiéter des jolies écritures qu'elle avait fait sur ses murs. Bien sur que non ce murs ne lui appartenait pas sinon elle n'aurait pas eu besoin de faire passer un message aux habitants du quartier...

- Non... Je suppose que ça va être l'heure d'y aller ? Où allais-tu toi ?

En effet, il était peut-être temps de déguerpir avant qu'un policier ou autre justicier masqué ne rapplique...
- Nulle part en particulier. Bleuet voulait se promener.
Bleuet, alias le geai bleu. Toujours aux petits soins avec ses protégés, Anaël répondait à leurs moindres désirs, petites balades y compris. En avait-elle le droit ? Oui, car elle était la déesse des oiseaux. Non, car le geai appartenait à l'animalerie où elle travaillait, et le sortir ainsi était contre les règles. Comme quoi, mêmes les jeunes filles sages peuvent se révéler hors-la-loi...
- Et toi, où comptes-tu aller à présent ?
Avait-elle l'intention de continuer à répandre sa bonne nouvelle sur d'autres murs, dans d'autres quartiers ?

Bleuet ? Un nom qui convenait parfaitement à l'oiseau bleu autant qu'à la demoiselle aux cheveux ciel. Elle baladait un oiseau ? Ces créatures ne pouvaient-elles pas se promener seules ? Décidément Anaël intriguait beaucoup Ynael. Ne risquerait-il pas de s'envoler et d'aller ailleurs ? Curieusement cette question ne se posait pas vraiment : il semblait vouloir rester toujours avec elle.

- Et toi, où comptes-tu aller à présent ?

- Hum.. Il fait encore jour, je suis sur qu'il y a d'autres endroits tranquilles pour faire passer mon message.

Elle réfléchi quelques instants et observa son interlocutrice.

- Par hasard voudrais-tu m'y aider ou au moins m'accompagner ?

HRP - Est-ce que tu veux qu'on close le RP pour en reprendre un soit dans la continuité soit faire une autre histoire dans un autre lieu ?

On dirait bien que la demoiselle s'était faite une amie. A son caractère doux et aimable, on pourrait croire que ses amis se comptaient par dizaines - que nenni ! Si elle entretenait de bonnes relations avec la plupart de ses rencontres, ça n'allait pas plus loin. Ynael, par contre, avait l'air de vouloir approfondir ce lien qui se créait entre elles - pour le plus grand plaisir de la déesse. Peut-être le jour viendrait-il où Anaël aurait autant d'amis terriens que d'amis ailés.
- Avec plaisir ! fit-elle en souriant. Je ne sais pas si je serai d'une grande aide, mais Bleuet pourra faire le guet.
Cette minuscule dose de criminalité l'excitait, c'était indéniable.

HRP - Je suis pour qu'on termine le Rp là c: Après, pour notre prochain Rp c'est comme tu veux : soit on fait la suite in Rp autre part, soit on fait la suite hors Rp et nos fifilles se retrouvent un autre jour... Je sais pas, les deux sont intéressants, dis-moi ce que tu préfères xD