Au fin fond du bois

Plic Ploc.
Plic.
Ploc.

La pluie tombait, d'abord quelques gouttes, puis une averse.
Plic. Ploc.
Une ombre passait dans le bois, lente et silencieuse. En se concentrant, on pouvait apercevoir de longs cheveux, une grosse robe, et une ombrelle, qui protégeait la jeune fille. Parce que c'était une fille. Seule dans le bois, d'une douzaine année, enfin elle en avait l'air, qui se promenait, le visage inexpressif, dans cet endroit tout à fait glauque.

Elle était sortie le matin, égayée de voir un beau soleil illuminer la ville et ses alentours. Elle avait dit à son frère qu'elle reviendrait bientôt, dans l'après-midi. Elle revient toujours. Parce qu'elle adore son frère. Son grand frère chéri, à elle toute seule. Elle gloussa. Jamais elle ne le laisserait partir, il était à elle pour toujours. Elle enjamba une branche d'arbre, et évita une flaque d'eau. Elle était sur l'un des rares chemins de terre qui sillonnaient le bois, et n'importe quel voyageur qui l'aurait vu passer, aurait cru à une apparition. Elle avait tout d'un fantôme. Le teint blafard, les cheveux blonds presque blancs, ses yeux jaunes brillants, et son style atypique de gothic lolita. Elle ressemblait à ces spectres dont on parle souvent, ces esprits de poupées qui n'ont jamais eu de corps, et qui errent sans but à la recherche d'un hôte à posséder. Elle aimait croire qu'elle était l'une d'entre elle. Elle ne pouvait pas être humaine, c'était bien trop ennuyant et insignifiant.

- Alice Alice, à quoi pense-tu ?

Alice baissa les yeux sur la peluche qu'elle tenait entre ses bras croisés, un sublime lapin aux yeux de rubis, et aux oreilles douces comme de la soie.

- Excuse-moi Gil, j'étais perdue dans mes pensées, murmura-t-elle.

Gilbert le lapin, alias Gil, était son favori. C'était la peluche la plus bavarde qu'elle possédait. Et il était charmant. Il lui parlait souvent, dans toutes les circonstances. Alice n'en avait rien à faire de ces gens qui la regardaient comme si elle était folle. Bien sûr qu'elle ne l'était pas. Elle n'allait pas parler à une peluche qui ne parle pas, ça tombait sous le sens. Tandis que si Gil lui parlait, évidemment qu'elle allait lui répondre. Alice ne comprenait décidément pas la bêtise des humains. Quel ennui.

- Et qu'est-ce qui retenait donc ton attention à ce point ?

- Les humains sont tellement stupides, ricana-t-elle, que s'en est risible.

Alice continua de débattre sur les humains pendant un bon quart d'heure, continuant de marcher sous la pluie. Elle aimait bien la pluie, c'était relaxant.